Préparez les mouchoirs et le Prozac.

Fraîchement paru chez Le Livre de Poche, Ruby de Cynthia Bond m’a fait de l’œil. Dommage, ce roman de littérature anglo-saxonne me laisse perplexe. 

« Ephram Jennings n’a jamais oublié la petite fille aux longues nattes avec qui il jouait à Liberty, une bourgade dans l’est du Texas. Mais Ruby Bell, malgré l’amour de ses grands-parents, a souffert plus qu’on ne saurait l’imaginer. Aussi s’est-elle échappée dès qu’elle a pu, vers les lumières du New York des années 1950. Beauté à la peau noire, elle se fait une place au cœur même de la ville, tout en ne cessant d’espérer y retrouver sa mère. Lorsqu’un télégramme de sa cousine la rappelle chez elle, Ruby va de nouveau, des décennies plus tard, être confrontée à l’extrême violence raciale. Ephram décide de tout tenter pour l’arracher à la spirale de malheur qui la guette. »


Une promesse de sang et de larmes, voilà de quoi émoustiller mon côté sadique, ma part d’ombre. Pourtant, tout au long de cette lecture, j’ai oscillé entre intérêt et agacement. J’espère que mon avis sera cohérent avec mon ressenti qui lui est très mitigé.

Nous vivotons au cours du XXème siècle entre le début des années 40 jusqu’au sixties. Fin fond du Texas, dans un petit bled où tout le monde se connaît. Ephram et Ruby se connaissent depuis l’enfance et ont chacun porté leur existence comme un boulet. Des chemins semés d’emmerdes et de tragédies, où la folie a laissé une empreinte indélébile dans la vie de l’un ou de l’autre.

On se rend compte en avançant à quel point ils sont liés l’un à l’autre, dans le meilleur, en s’aidant sur la voie de la reconstruction et malheureusement, dans le pire. Vraiment, le pire que tout ce qu’on peut imaginer.

Tous les personnages qui interagissent, d’une manière ou d’une autre, dans le passé ou dans le présent, sont très fouillés avec des caractères et un vécu individuel très « humain », dans le sens réaliste, je m’entends. Car en terme d’humanité, on est très, très loin du compte pour certains.

« Ephram décide de tout tenter pour l’arracher à la spirale de malheur qui la guette »

On ne va pas se mentir, Ruby n’est jamais sortie de « la spirale de malheur » qui l’a happée dès sa naissance, dès sa conception même : elle porte, inexorablement, le poids de la violence des hommes.

Tout ce roman est empreint de brutalité, de violence et  de religion. Une ombre sectaire et vaudou enveloppe cette petite ville de Liberty (ironie du sort?).


Le roman se construit en trois parties et je crois que la dernière est la meilleure, plus fluide et organisée même si la fin m’a parue tout aussi énigmatique et floue que l’ensemble du texte.

J’ai trouvé l’écriture de l’auteure très lourde malgré l’utilisation de comparaisons délicates et concises pour illustrer l’environnement et les pensées de ses personnages. Mais c’était pour moi trop décousu, je me suis senti perdue par moment ne sachant plus si j’étais dans le passé ou le présent, les transitions ne m’ont pas parues très claires.


Un style que je n’ai pas su apprécier combiné à des situations sordides dont les descriptions m’ont mise mal à l’aise, je suis complètement passé à côté de Ruby. Comme quoi mon penchant de bourreau à ses limites.

Si vous êtes adepte des drames et plus sensible que moi à une écriture très imagée, allez y. Et je vous assure que la promesse de sang et de larmes est tenue ; cependant, je vous le déconseille si vous n’avez pas le moral.

4 commentaires sur « Préparez les mouchoirs et le Prozac. »

  1. Je suis entièrement d’accord avec ta critique. Je pense que la construction des deux premières parties du livre est complètement décousue. J’ai eu du mal au début, à rentrer dans l’histoire, à comprendre où l’auteure voulait en venir, c’était confus, beaucoup de personnages sans évocation des liens qui les unissent. La dernière partie est nettement mieux construite mais certaines scènes sont très violentes.
    Je suis déçue par ce roman.

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